Cochrane (Chili), retour en Argentine

Le rodéo est fini, une dernière soirée entre amis oblige. Béatrix et Christophe conversent en frallemand, alors que Margit et Jörg en allemagnol et nous en fragnol. Entre explications et traductions, tout le monde se comprend, une chose est sûre le rire est universel. Une maudite belle soirée qui n´est pas prête d'être oubliée. Merci les amis.

Nous prenons la direction du Lago Cochrane avec les autrichiens, ayant suffisamment d'essence pour faire l'aller-retour, nous ne faisons pas le plein. L'ERREUR !! 

Nous ne le savons pas encore mais une grève plus au nord de la province est sur le point de sévir, coupant tout ravitaillement.

 

Lago Cochrane, le 08/02/12 : ce spot nature est un lieu idéal et paisible pour se retrouver entre amis, rien ne vient déranger notre tranquillité.

Nos journées défilent au rythme de balade au bord de l'eau, séance de pêche, discussion autour d'un mate.

Nous faisons la connaissance de Sarah et Tobias, un jeune couple danois passionné de pêche à la mouche, qui armé de bon matériel et surtout de patience arrivera à sortir une belle truite de 50cm. Ils la partageront sur le feu de bois avec nos empanadas au four-cocotte fabrication camping.

 

De retour à Cochrane on apprend qu'il n'y a plus d'essence, on comprend que la grève est bien en place pour les jours à venir.

La vie est difficile dans cette région reculée du Chili, les prix sont plus élevés que ailleurs mais pas les salaires.

À chaque élection des promesses sont faites mais jamais tenues, cette fois les gens espèrent bien faire entendre leurs nombreuses revendications par la rébellion en bloquant tout ravitaillement du nord comme au sud.

Étant sur la réserve et ne possédant que 10l d'essence supplémentaire en bidon, nous ne pouvons rejoindre l'Argentine et ses stations essence trop éloignées de la frontière.

On l'a dans le petch ! !

Avec les autrichiens, on élit domicile à la base nautique du village, bénéficiant même de l'électricité.  

Margit et Jörg vont faire preuve d'une générosité incroyable en restant à nos côtés alors qu'ils ont assez de diesel pour partir.

Sourires aux lèvres et bras ouverts, c'est un réel plaisir d'être en leur compagnie.  

Solidarité, partage, réconfort et positivisme sont les réels carburants dont nous nous abreuvons chaque jour.  

Une cigarette au coin de la bouche (pour eux), un mate (pour nous), nous laissons nos esprits philosopher et divaguer en espagnol devant cette eau limpide quand ce n'est pas autour du feu de camp quotidien.

Atelier bricolage et mécanique pour les hommes, après midi lessives pour les femmes, occupent notre temps de patience.

On donne aussi de notre temps à Marta, la voisine, pour l'aider dans son grand jardin. Elle nous régalera de beaux légumes frais, gâteaux maison et bien évidemment  nous serons toujours les bienvenus pour partager le mate autour du poêle. C'est elle aussi qui finira par nous fournir en pain car les boulangeries ont épuisé leur stock de farine.  

On ressent une sorte de chaine de solidarité entre voisins, amis ou simples connaissances.

On se rend régulièrement au village à pied pour voir la situation, mais il n'y a pas vraiment de progression.

Les locaux ont beaucoup de revendications à faire passer (prix de l'électricité et essence, manque d'écoles et hôpitaux, état des routes...), on comprend bien que cela va demander du temps.

Bizarrement les villageois n'ont pas l'air dérangé par la situation. Ils nous expliquent qu'ils sont habitués car régulièrement tous les hivers, c'est la neige qui bloque tout ravitaillement.

Alors ils nous confient leur ultime solution : « On prend tranquillement le mate en attendant que ça passe ». 

Purée maison de Caro, spécialités culinaires autrichiennes de Margit ou empenadas de Jörg, sans oublier la délicieuse trucha arco iris de 48cm pêchée par Jörg, que Arnaud se fera un plaisir à fileter, sont d'autres moments que nous partageons.

 

Lors d'une balade dans la réserve nationale Tamango, nous aurons l'occasion d'observer une famille de carpinteros.  

29/02/12, après plus de vingt jours d'attente, les tensions montent plus au nord de la région et commencent à arriver dans le village, l'électricité est coupée.

Il n'est pas bon pour nous de rester ici.

On décide de prendre la route en direction de l'Argentine, sachant pertinemment que nous allons droit à la panne d'essence.

Nous sommes malheureusement en train de fuir la carretera australe nord et ce pays qui décidément ne nous porte pas chance.

Direction le paso Robalo, en mode économique, sous le regard bienveillant des guanacos, route la plus directe pour l'Argentine.

Margit et Jörg vont devoir faire un grand aller-retour afin de nous trouver de l'essence ce qui nous dérange beaucoup en vue de tout ce qu'ils ont déjà fait pour nous.

On se charge bien de demander à chaque estancia sur notre route si elles n'auraient pas quelques litres d'essence pour nous dépanner mais cette denrée est bien trop précieuse en ces temps de crise.

 

BD Fantastic Voyages planche n°1 (cliquez dessus pour agrandir)

Ne voulant pas passer par la mythique Ruta 40 et son ripio en mauvaise état, nous décidons de longer la frontière vers le nord sur une route de terre en fin de construction.

Elle s'avère d'une excellente qualité avec de belles perspectives. Il manque juste un peu de soleil mais même ça, Margit et Jörg font des photos extraordinaires. Ils sont passionnés, avec une moyenne de 300 photos par jour. (On n´a pas pu résister à en glisser quelques une dans ce post).

Puis nous retrouvons l'asphalte souvent signe de civilisation et pouvons enfin faire le plein !

On se trouve un bon spot au bord du lago Buenos Aires où nous passerons une agréable soirée en compagnie de Marco, jeune motard suisse en direction d'Ushuaia.

Quel plaisir de se jeter dans les vagues de ce lac, on se croirait à la mer le sel en moins.

 

C'est près de Sarmiento que nous visitons le bosque petrificado, forêt pétrifiée, qui est un site surprenant.

Ici des grands troncs d'arbres ont été charriés par des crues d'eaux il y a quelques 65 millions d'années, puis la matière organique s'est transformée en minéraux.

Le dégradé de couleur, de ces arbres de pierres et copeaux ainsi que des environs, est très chaud et agréable. 

 

Bien loin d'être rassasiés des routes de terres plus sauvages, authentiques et surtout peu ou pas fréquentées, nous continuons à découvrir, à rouler vers cet horizon enchanteur qui nous ouvre les bras et nous appelle. 

 

 

De drôles de squelettes  agrémentent les passages de guardaganaco.

Exhibitions des nuisibles environnants (renards, chats sauvages ou pumas) tels de vrais trophées de chasse. 

Aujourd´hui c'est jour de fête, nos compagnons de voyages célèbrent leur 200 millième kilomètres de voyage.

Au décamètre près et en plein milieu de la piste on arrose l'évènement à l'Irish Coffee. Félicitations les amis !

Voilà bientôt  5 ans qu'ils parcourent les Amériques comme peu de voyageurs le font. Et ce d'une très belle manière en prenant surtout le temps de s'imprégner, s'intéresser à un lieu, un peuple… et n'hésitent pas à revenir aux endroits qui leur tiennent à cœur. 

 

 

 

 

 

Un piche suicidaire nous fait une belle frayeur en se jetant sous nos roues, s'engage une folle poursuite en courant afin de le rappeler à l'ordre et de relever son identité photographique.

 

Le soir un bel orage se déclare au loin ce qui ne nous facilitera pas la tache pour le lendemain.

 

 

La piste boueuse est détrempée, malgré les réelles manœuvres de mon pilote en zigzags contrôlés, nous esquisserons un grand dérapage avant de se bloquer en plein milieu de la piste.

C'est ce que l'on appel un beau travers mais heureusement sans gravité ! On s'en sortira une fois de plus grâce à Whity, le land Rover Defender 4x4 autrichien.

Souillé, éclaboussé et bien crotté, on y est arrivé: à notre premier rodéo argentin.

C'est un défilé de vieux pick-up américains qui prend place autour du campo. En sortent des familles entières, vêtues de leurs plus beaux habits de fêtes comprenant de belles bottes de cuirs sur un pantalon bouffant avec sa ceinture typique, un gilet sur une chemise et un béret ou sombrero.

Au microphone, le guitariste entame ses deux accords bien spécifiques qui dureront tout le rodéo et souhaite la bienvenue, les festivités peuvent commencer. 

Au programme slalom à cheval entre des bottes de foins, chaise musicale à cheval bien sur et jineteadas (rodéos) de différentes catégories.

Les cavaliers espèrent tirer au sort le cheval le plus brave (fougueux) pour totaliser un max de points si ils arrivent à rester dessus le temps accordé, afin d'accéder à la prochaine manche.

Même les enfants ont droit à leurs secondes de gloire, certes sur des plus petites montures mais tout aussi nerveuses. Bien plus qu'un sport national, ces traditions sont prises très au sérieux car il en va de l'honneur de chacun et de très gros paquets d'argent sont à gagner (également  pour les enfants).

 

Nous sommes les seuls étrangers sur place et sommes régulièrement cités au micro du présentateur. Nous avons même droit à une interview du journaliste du coin qui publiera un article parlant de nous dans le journal local. Plutôt Sympa !

 

Un peu plus tard et plus au nord, toujours sur une route de ripio longeant des formations rocheuses dans des tons de pierres chaudement colorées, ses paysages désertiques nous ramènent dans le far west des États-Unis.

Surgit de nulle part, dressée au milieu de cette vallée, l'imposante Piedra  Parada de 200m de haut.

Près du rio, c'est ici que nous posons le bivouac pour quelques jours, l'endroit dégage une belle énergie.

On admire ce monument naturel dans cette vallée qui a tant à offrir. On perd nos repères spatio-temporels et ne cherchons surtout pas à les retrouver. Nous revenons à l'essentiel. 

Une balade au fond du tout proche canyon pour y découvrir, viscachas, fourmilières géantes et quelques fous d'escalade en quête d'adrénaline suspendus aux chaudes parois vertigineuses. 

Dans ces reliefs naturels spectaculaires de grottes, d'arches et d'hoodoo (les grandes formations de sédiments portant tel un chapeau de grosses pierres en leurs sommets), nous nous promenons au grès de nos envies, chaque formation de pierres attirant notre attention, surtout une belle arche (que nous sommes allés chercher) qui conclura parfaitement ce séjour.

 

 

Malheureusement toute bonne chose à une fin, voilà déjà plus d'un mois que nous voyageons en étroite compagnie. C'est la première fois que nous passons autant de temps avec d'autres voyageurs. Ce qui exprime à quel point nos affinités coïncident.

Nous en retiendrons toutes ces très belles valeurs, qui consiste à composer ce qui se baptise: le vivre ensemble. 

 

 

 

 

À Esquel, nous ne manquons pas le départ de la Truchita, célèbre petit train à vapeur du Ferrocaril.

El Bolson a gardé des restes de son apogée hippie des années 70. Les babas ont disparu mais il reste le côté cool et relax.

Baignant dans une atmosphère sereine aux creux de deux massifs montagneux, cette bourgade est déclarée municipalité écologique et zone non nucléaire depuis mieux de 30ans.

Elle a des airs de Nelson (Colombie Britannique) avec  sa cuisine naturelle et végétarienne mais surtout sa feria Artisanal rassemblant beaucoup d'artistes, artisans qui fabriquent toutes sortes d'objets du quotidien ou de décoration. L'imagination est grande et le travail précis. 

 

 

 

Notre passage éclair par Bariloche, aux faux airs de Suisse, nous a permis de goûter aux meilleurs chocolats du pays paraît-il et il est vrai qu'ils sont très bons.

 

 

 

 

Tu problema es mi problema, slogan de cette grève dans le sud chilien, aura en effet pris tout son sens dans l'entraide que Margit & Jörg nous ont apportée.

Chaque situation problématique que nous rencontrions, se retrouvait solidairement rapidement la leur.

Nous qui sommes habitués à se dépatouiller par nous même le maximum que nous pouvons, cette aide extérieure fut largement appréciée.  

C'est une petite remise en question sur nos propres principes tel le besoin de l'autre:

N'aurait-on pas un peu plus plus besoin des autres ??

Une fois de plus cela confirme que l’ENTRAIDE, peu importe l'obstacle, donne de meilleurs résultats. Et nous, nous en sortons plus avisés.

 

 

 

 

Nous continuons notre montée direction le Chili, où bien de nouvelles péripéties nous attendent...

 

 

 

 

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Commentaires: 6
  • #1

    Karine (samedi, 26 mai 2012 17:17)

    Magnifique post, magnifiques photos et surtout magnifique amitié. Dans votre malheur, vous avez vécu des choses fantastiques et vu des paysages sublimes. On vous envierais presque ... :-) On vous embrasse très fort. Famille Laurent

  • #2

    Xav (samedi, 26 mai 2012 20:36)

    Coucou Caro et Arno, bravo pour le récit de vos aventures, vos photos et l'ambiance qui s'en dégage. Je l'ai lu d'une traite et j'étais vraiment avec vous. Même si ça n'était que virtuel, ça m'a fait du bien d'être à vos côtés. J'espère que nous aurons ou que nous pourrons provoquer l'occasion de nous recroiser. Bises ! Xav

  • #3

    tata maggy (dimanche, 27 mai 2012 03:37)

    tout est magnifique on ressent plein de choses magiques dans votre voyage gardez bien au fond du tiroir tout ça vivez à fond ! quoi vous dire d'autre......... gros gros bisous à vous deux et à bientôt si vous retrouvez un jour le chemin du retour lol !

  • #4

    mathilde (mardi, 29 mai 2012 15:00)

    coucou les loulous !!! plein de magie, d'amitie, d'humour et du "on reste zen malgre tout!!!" qui font du bien !!! et felicitations a Carolina pour son parfait castillan !!!! bisous !!!

  • #5

    lucyle (dimanche, 03 juin 2012 10:55)

    Contente de vous retrouver. Toujours de très belles photos qui nous font bien imaginer votre vie dans ces lieux magnifiques et parfois plus que difficiles, mais ainsi ils vous laisseront des souvenirs marquants et des anecdotes pour des jours moins fastes. Bisous à tous les deux, Martine se joint à moi.

  • #6

    Axwell (mardi, 12 juin 2012 12:22)

    Hallo!! Vous vivez des choses géniales! merci de nous faire partager tout ça ,c'est vraiment cool! Les photos font rêver!
    Je suis de retour à Montréal en vacances là et ca rappelle de sacrés souvenirs... Continuez de bien profiter!
    Bizounettes à vous deux!!